Attaché(e)
Je veux voir si le ciel s’ouvrira et m’avalera…. Parce que j’écris en français!
ATTACHÉ(E)
Quand j’habitais à Halifax, en Nouvelle-Écosse, il y avait un vieux monsieur qui vivait près de chez moi. En été, chaque fois que je passais devant sa maison, il était assis dans la véranda, protégé par des vitres. Il semblait vieux comme Hérode : ses cheveux blonds comme les blés, son corps maigre comme un haricot, et son regard profond comme la haute mer, témoignaient des années et des expériences qu’il avait vécues. La chose la plus bizarre chez ce monsieur était un long tuyau, qui était attaché à son nez et dont l’autre bout disparaissait quelque part au-dessous de sa chaise. Je ne me rappelle plus comment cela a commencé, mais chaque fois qu’il me voyait dans la rue, il sautait de son siège en criant, « Hé! » pour attirer mon attention, et il se mettait à me saluer de la main, avec un sourire épanoui sur son visage. Toujours un peu surprise par ce geste, je ralentissais le pas, en lui retournant sa salutation et son sourire. La vie s’arrêtait pour un instant, pour quelques secondes il n’y avait que nous deux, en train de nous saluer, de nous souhaiter une bonne journée, de communiquer sans mots.
Il y a deux ans que j’ai déménagé d’Halifax, sans jamais connaître le nom de mon voisin. Au moment où j’écris ce portrait, je suis assise dans un laboratoire, essayant d’apprendre le français et de m’assimiler dans ma nouvelle vie. Néanmoins, je me souviens de ce vieux monsieur, attaché à sa bouteille d’oxygène; je lui offre une salutation muette, et j’espère qu’il va bien.
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